S'ABRITER (Suite) : Les Foyers du 115...
A chaque retour du froid, ou plutôt des grands froids, comme on dit aux infos, ce sont toujours les mêmes polémiques et
les mêmes interrogations stupides :
Pourquoi les SDF refusent-ils
les Centres d'Héberge- ment du SAMU Social ? C'est d'autant plus
incroyable de toujours ré-entendre les pouvoirs publics poser cette même question, que dans le même temps, les médias ne cessent d'en donner la réponse en
rappelant que les Sans-Abris les refusent à cause de la promiscuité.
Depuis des années, les acteurs sociaux font semblant de ne pas comprendre, mais la réalité, c'est qu'ils
n'acceptent pas que les SDF refusent le principe de l'hébergement collectif dans les Centres d'Hébergement !...
Pourtant, sachez-le une fois pour toutes, messieurs les politi- ciens : Le principe de la chambre individuelle n'est pas négo- ciable, pour reprendre
une expression chère au Gouvernement.
Personnellement, je ne suis allé que 3 ou 4 fois dans un centre du Samu Social. Et notamment dans le centre de Montrouge, que
tous les SDF connaissent bien !... Et presque à chaque fois, ça ne s'est pas bien passé, comme je vais vous le raconter,
ce qui vous fera bien comprendre que ce genre d'endroits n'est pas acceptable !
Et je peux vous assurer que je n'y retournerai jamais ! Ni dans aucun autre foyer, tant que ne seront proposés que des héber- gements
à plusieurs dans une même chambre...
Maintenant, et afin de mieux informer les internautes qui souvent, ne réalisent absolument pas ce que peut- être un séjour dans ces foyers,
voici une petite des- cription qui concerne les lieux en eux-mêmes, et tout ce qui peut s'y passer. Vous allez constater que si on voulait résumer
tout cela en quelques mots, que les foyers du 115, c'est un peu comme le confort d'un Camp de Concentration... sans bien sûr la Solution Finale,
ni les violences de l'Autorité...
Modifié le
15/11/2011
1°) Risquer le Vol de vos affaires
Eh oui, il n'y a rien pour déposer son sac à dos, et ses affaires. Pas de consigne ni de casiers individuels, et si vous êtes assez
inconscients pour aller passer une nuit dans l'un de ces foyers, vous devrez conserver toutes vos affaires avec vous...
Vous serez obligés d'attacher votre sac à dos aux ressorts du sommier, sous le matelas, pour ne pas qu'on vous le vole (Bonjour, la
position pour dormir, style méga-oreiller).
Et même ainsi, vous n'allez pas dormir, quand un autre mec vous aura confirmé que certains se sont fait couper les bre- telles de leur sac à dos
pendant leur sommeil. Et ils avaient ce sommeil d'autant plus lourd qu'ils dormaient très mal depuis un certain temps...
Eh oui, quand on tire trop sur ses réserves, vient un moment où l'organisme se lâche. Et tous les signaux d'alerte de notre subconscient,
qui nous protègent en temps normal, sont désactivés. Et quand on vous tirera votre sac sous le matelas une fois les lanières coupées, vous ne
sentirez rien, et le lendemain, vous n'aurez plus que les yeux pour pleurer !...
Quant aux papiers importants, je n'en parle même pas. Or, la suite de la vie d'une personne peut en dépendre !...
Personnellement, une telle aventure à failli m'arriver, mais heu- reusement pour moi, comme je ne me laisse pas intimider et que dehors, je dors
quand je veux et où je veux, (notamment dans le métro, en refusant carrément d'obtempérer quand le mec de la station, ou des
contrôleurs en maraude me deman- dent de me lever, - voir mon article sur les Contrôleurs - ), je n'étais pas comme
certains en manque total de sommeil...
Et mes sécurités internes à moi, elles ont joué !!! Je me suis réveillé d'un seul coup, à 2h 20 du mat...
pour voir deux mecs dans la pénombre, qui tentaient de me tirer mon sac, bien attaché et enroulé avec le sommier du lit.
J'aime autant vous dire que ça s'est extrêmement mal passé pour eux, et il y en a un qui a été ensuite emmené par le vrai SAMU. C'est vrai que se
prendre 8 grands coups de pieds dans la tronche avec des rangers quand on a déjà été mis par terre par un coup de poing, ça ne fait pas du bien !...
Je dois avouer avec plaisir que j'ai été soutenu par certaines personnes du SAMU SOCIAL qui ne supportaient visiblement pas qu'il y en ait
qui tentent de voler des mecs démunis comme eux. Et ils m'ont... disons conseillé, de ne pas rester dans le centre. Ils m'ont même raccompagné dans une de
leur dernières maraudes, pour me permettre de revenir sur Paris !... Pour une fois que des mecs ne défendaient pas les plus pourris !...
Pour les curieux, c'était à Montrouge. Certains diront que depuis, ça s'est
amélioré, je ne suis pas d'accord. Montrouge est en effet un peu mieux considéré par beaucoup de SDF depuis qu'il a été
refait !...
Mais parlons-en, de leur réfection. Les locaux ont été repeints, mais les chambres sont toujours collectives. Les lits super- posés ont été remplacés par des lits séparés,
mais quand un mec pue à mort, croyez-moi, qu'il soit au dessus ou à côté, cela ne change pas grand chose !...
Ajouté le 15/11/2011
2°) Des risques de racket ou d'agression
Il y a des personnes qui ne sont pas capable de se défendre, ou qui n'ont pas la détermination de ne pas se laisser faire !
C'est clair qu'une personne qui, à défaut d'avoir un corps taillé pour dissuader, et résister le cas échéant, possède cette force au fond d'elle-même
qui fait qu'elle ne se laissera jamis faire, quitte à aller très loin dans les actes de défense, et ça souvent les agresseurs potentiels le sentent,
sera toujours mieux préparée pour faire face le moment venu !...
Donc, vu que les chambres sont souvent prévues pour plu- sieurs personnes, il est possible que des lascars qui arrivent, par exemple à 3,
demandent s'ils peuvent se retrouver ensem- ble dans la même chambre, si bien entendu, il y a de la place...
Et les responsables qui affectent aux bénéficiaires les lits dis- ponibles au fur et à mesure des arrivées n'ont aucune raison de s'y opposer,
si par exemple ils sont arrivés suffisamment tôt, dans les premiers, et que des chambres sont encore libres !
Ensuite, beaucoup plus tard, un quatrième mec va se voir désigner cette chambre. Et tard dans la nuit, quand plus personne n'est sensé
entrer dans cette chambre puisqu'elle est complète, c'est à ce moment là que le pire peut se produire :
Le pauvre mec va se retrouver dans l'obscurité de la chambre, avec un couteau sous la gorge, ou simplement sous la menace de se faire « massacrer la gueule
», et comme je le disais précédemment, s'il n'ose pas hurler au secours, ce qui serait pourtant très simple et
efficace, les membres du personnel n'étant jamais bien loin, eh bien il va perdre tout ce qu'il a ! Evidemment, ils vont le dissuader d'aller se plaindre,
par des menaces du style : « - On sait où tu traines, si tu nous dénonce, on te retrouvera, et là ... »
Pourtant, je peux vous assurer que beaucoup de ces individus ne sont que des ruines alcoolisées qui ne feraient pas le poids devant un mec moyennement
fort, mais clean, qui ne boît pas ! Et surtout qui est un tant soit peu déterminé... Mais ils sont souvent à 3 ou 4 et cultivent leur look de grosses brutes Ã
moitié détruites, croyant que ça va en intimider certains. Et le pire, c'est que des fois, ça fonctionne !...
Modifié le
15/11/2011
3°) Supporter des odeurs infectes
Vous devrez aussi supporter l'odeur infecte de ceux qui seront avec vous. Sans parler des visions qui vont avec... J'ai vu, une certaine nuit,
une créature immonde qui ronflait
comme un bimoteur. Sur son visage extrêmement sale devenu réellement gris, une morve jaune de 2cm, super-visible par contraste des couleurs,
pendait sur toute sa levre supérieure, et
vibrait en cadence, légèrement soulevée par le souffle des ronflements !
A un moment, réveillé par une envie pressante, il s'est levé et a voulu
essuyer sa morve, mais n'a fait que l'étaler davantage sur son visage délabré ! J'ai alors aperçu le bas de ses jambes :
Elles étaient littéralement
noires de crasse... Si je n'avais vu qu'elles, je ne m'en serais même pas formalisé, croyant simple- ment qu'un Black dormait à côté...
Une autre des quelques rares fois où j'ai accepté d'aller dans ce genre d'endroits infects, plus pour confirmer tout ce qui se disait que par désir
réel d'être abrité, j'ai assisté à un autre gag, version film semi-comique semi horreur :
Tard dans la nuit, alors que je me trouvais dans une chambre de 4 personnes composées de 2 x 2 lits superposés, j'ai entendu le type qui dormait au
dessus de moi faire un gros bruit rauque... Et la seconde d'après, j'apercevais horrifié une cascade liquide qui tombait à 50 cm de moi,
depuis le lit du dessus...
Une cascade composée de vomi parfumé au pinard...
Et hop, vous avez un gros plat de ratatouille mariné au Beaujolais Nouveau, renversé à deux mètres de vous...
C'est un peu comme dans le film « Indiana Jones et le Temple Maudit », quand ils sont dans la grotte et que la cascade tombe devant eux...
Plus sérieusement, je peux vous dire qu'un mélange de vomi et de pinard, croyez- moi, ça a une odeur unique en son genre !...
Si votre copine
vous sert une assiette de ratatouille qui a cette odeur, jetez-la par la fenêtre (l'assiette, mais aussi la copine...)
Ajouté le 15/11/2011
4°) Des sérieux risques d'attraper la crève
Ce qui suit va vous sembler parfaitement incroyable, horrible même, mais c'est pourtant vrai, croyez-moi ! Dans les chambres des Centres du SAMU SOCIAL,
pour dormir, vous avez un lit avec un matelas, une housse, des draps... et c'est tout !!! Et précisons que les draps sont... en papier !
Oui, vous avez bien lu... Quelle que soit l'époque de l'année, vous devez dormir uniquement sous des draps en papier... sans couverture !
Quand je vous aurez dit que le chauffage est normal, sans qu'ils fassent des folies, vous pourrez imaginer les nuits passées à grelotter...
sauf que le pire est encore à venir !...
J'étais cette fois dans une chambre de 5, avec un copain.
En face, un mec apparemment normal, dans un sac de couchage. Il écoute sa musique au casque, rien à dire pour l'instant.
Mais voilà qu'un quatrième type entre en titubant. Un clochard puant qui trouve quand même le moyen d'enlever uniquement la seule chose qu'il aurait
pu garder avant de se coucher : Ses chaussures... et ses chaussettes ! Imaginez-vous un instant dans la cave à fromage chez Camembert Président...
Non, ne riez pas encore, la suite est moins drôle.
Le mec qui écoutait sa musique se lève, dit que ça chlingue pas possible, et... ouvre la fenêtre. Je précise que c'était en Janvier 2011...
Heureusement, j'avais mon duvet militaire, très chaud. Mon copain non, il n'ose rien dire, met son blouson pour ne pas avoir froid.
Je me lève alors comme un ressort, et je lui demande si ça ne va pas la tête d'ouvrir la fenêtre, que ça caille !... Je lui rappelle qu'on dors juste
sous des draps en papier, sans couverture... L'autre répond en répétant simplement que ça pue.
Moi je tente encore une fois de lui faire remarquer que c'est trop facile vu qu'il a un sac de couchage, que mon copain n'en a pas... Alors ou il lui prête
son sac et il pourra laisser la fenêtre ouverte, sinon je la referme. Il a refusé, J'ai refermé la fenêtre. Il a voulu la rouvrir, et... ça à encore
très mal fini... Pas très grave, mais bon...
Voilà ce que vous risquez de vivre si vous acceptez d'aller dans les Centres d'hébergement d'urgence du 115 !...
5°) Risquer d'attraper des bestioles
On l'oublie trop souvent, mais il est possible aussi d'attraper des tas de saloperies... Dans l'ordre :
Des puces : Les puces, ça saute ! Alors, même si vous ne vous approchez pas des mecs sales, c'est risqué...
On dit qu' elles ne restent pas sur quelqu'un de propre. Mais bon, en une seule nuit, j'ai eu la chance de ne pas être obligé
de le vérifier !
Des Morpions :
Même raisonnement que pour les puces. Ce n'est pas uniquement lors des relations sexuelles qu'on peut en attraper. Si un mec se gratte, y en aura
plein sur
le matelas, et comme vous ne dormirez pas sans déchirer vos draps en papier très fin... Résultat garanti ! Bonjour, Spray-Pax !
La Gale : Alors ça, c'est la pire des saloperies !... Et il suffit de toucher, même légèrement, quelqu'un qui est atteint,
surtout à un stade avancé. Ou qui vous parle de près pour vous deman- der une clope, quelques postillons, et ça y est !
Vous êtes contaminé !
Et des mecs qui se grattent, y en a plein !...
Pour ce qui est de la gâle, je ne vous souhaite pas de l'attraper... Je connais quelqu'un à qui s'est arrivé : Il a dû aller à l'hôpital pendant
3 jours d'affilée pour se faire badigeonner tout le corps avec une espèce de crème liquide jaune !...
Seule consolation, une infirmière du SAMU SOCIAL m'a con- firmé que concernant les affaires personnelles, ce n'était pas obligatoire de les détruire,
contrairement à ce que beaucoup de personnes disent !
Il faut savoir que les agents transmetteurs de la gâle ne
peuvent pas survivre plus de 3/4 jours sur des objets inertes ! Ils ont besoin du corps humain.
Ajouté le 15/11/2011
6°) Aucune possibilité d'Intimité
Il est enfin évident que dans ce type de structure, vous n'aurez aucune vie privée ! Outre le fait que les femmes sont dans un autre bâtiment,
et qu'après avoir pris votre repas le soir (si on peut appeler ça un repas...), vous devrez aller dormir tout seul, mêmes les mecs
qui penseraient pouvoir, de part la nature de leur relation entre eux, échapper à cette difficulté en seront hélas pour leur frais...
En effet, vu que les chambres ne sont pas pour 2 mais au minimum pour 3 ou 4 personnes, certaines étant même prévues pour 5 ou 6 personnes,
alors, pour ce qui est de l'intimité, c'est raté !
Voilà , je crois maintenant avoir terminé de passer en revue tous les problèmes auxquels vous risquez de vous trouver confrontés si vous acceptez
d'aller passer ne serait-ce qu'une nuit dans un centre du 115 ! Et quand bien même vous serez assez fort physiquement pour ne pas être emmerdé,
ni assez bête pour vous endormir, je ne vois pas, dans ces conditions, à quoi cela peut vous servir ? A rester éveillé pour compter les moutons ?
Il y a plein de SDF qui, après avoir été simplement se mettre à l'abri dans ce genre d'enfer, ressortent le matin... pour aller dormir dans le
métro ou ailleurs... Où ils vont retomber sur des connards qui vont leur dire :
- Messieurs, il ne faut pas dormir ici, il y a des foyers pour ça...
Connerie, quand tu les tiens...